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Ce que Louise Tremblay-d’Essiambre a appris

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Photo : Maude Chauvin

La fontaine de jouvence, c’est d’avoir un enfant fin quarantaine.
C’est à 48 ans que j’ai eu mon dernier bébé. Ç’a été le plus formidable cadeau de la vie. J’ai eu bien plus de patience avec elle qu’avec les plus vieux. Je joue encore aux Lego. J’ai 20 ans dans ma tête et je trouve ça extraordinaire.

Une chicane se règle avec des « je », jamais avec des « tu ».
Remplacer « Tu as dit ça » par « J’ai entendu ça et ça m’a ­blessée », ça fait toute la différence. Et ça vaut pour toute situation conflictuelle.

La vie était plus facile autrefois.
Même s’il fallait faire son pain et aller aux toilettes dans la bécosse au fond de la cour. Est-ce que j’oserais emprunter une tasse de sucre à ma voisine aujourd’hui ? Pas sûr. Il y avait moins de choix, c’est vrai. Mais plus d’entraide. Et plus d’émotions. C’est ce que les gens trouvent dans les romans historiques.

Un enfant ne va pas mourir si, de temps en temps, pour souper, sa mère sort le grille-pain et le beurre d’arachide.
Les femmes qui réussissent le mieux à mener carrière et famille sont celles qui ne culpabilisent pas. Du pain de grains entiers, du beurre d’arachide, un fruit et un verre de lait, c’est un repas complet. Si nos enfants rient, se chamaillent et viennent nous planter un bec sur la joue, c’est qu’ils sont heureux. Que ­voulez-vous de plus ?

On peut faire du roman populaire de qualité.
Peut-être bien qu’on passe à côté des prix. Tant pis. Mes prix littéraires à moi, ce sont les courriels des lecteurs d’ici et d’ailleurs, qui disent apprécier ma langue.

Mes rides racontent mes rires.
Je n’aime pas vieillir à cause des problèmes de santé qui se pointent. Mais l’apparence… Je ne veux pas effacer les rires et les larmes qui ont fait ma vie. Tout ça a façonné l’être que je suis.

L’âge, on s’en fout.
Mon père vient de mourir. Il avait 95 ans. Et j’ai le cœur en lambeaux. Je perds mon ami, mon raconteux d’histoires, celui qui m’a donné envie d’écrire. Je pleure, même en dormant. Il aurait 105 ans, ce serait pareil.

À 23 ans, il faut avoir quitté la maison familiale.
J’adore mes jeunes et ils savent qu’ils seront toujours ma priorité. Certains sont d’ailleurs revenus quelques mois quand ils en ont eu besoin. Mais je finis quand même par les pousser hors du nid. Ce sont des adultes, il faut qu’ils fassent leur vie.

Après 55 ans, on n’achète plus de vêtements, on préfère les accessoires.
J’ai 61 ans et j’ai eu 10 enfants. Disons que je n’ai plus la taille que j’avais. Régime ? Non merci. Manger est un des plaisirs de la vie. Alors j’ai remplacé les belles robes par de jolis articles… Les gens regardent le sac à main et oublient un peu la fille. C’est parfait.

Tous les enfants sont uniques.
Mon troisième enfant est mort peu après sa naissance. On me l’a mis dans les bras après l’accouchement. Et j’ai encore l’image de sa menotte sur mon petit doigt, du regard de ses grands yeux bleus. J’en ai rêvé pendant des mois, je me réveillais en hurlant. C’était il y a plus de 40 ans. Mais c’est mon fils Mathieu.

Cuire un gros rôti le dimanche soir sauve la vie d’une mère.
Tout est dans la planification. Ce rôti devient une base pour les repas de la semaine et m’évite de passer du temps dans la cuisine. Pour le reste, on s’organise. Même à six ans, on peut participer aux corvées de ménage et aux courses du samedi. Et on se garde les dimanches pour une sortie en famille.

Repas bien caqueté à moitié digéré.
« Caqueter » signifiait préparer. C’est madame de Maintenon [épouse de Louis XIV, le Roi-Soleil] qui disait ça. Une belle table, c’est important. Tous les soirs, je reçois. Même si nous ne sommes qu’en famille, je mets une belle nappe, des chandelles, le vin est sur la table, ça sent bon. On mange, c’est beau.

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