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Mariana Mazza sur sa mère, sa carrière, son corps… et Denise Bombardier
On m’avait averti : « T’arriveras pas à placer un mot. » Ça n’a pas été le cas. Enfin, pas tout à fait. Il est vrai que sa volubilité est remarquable. En deux heures d’interview, à la terrasse d’un café sans flafla rue Saint-Denis, le flot de paroles ne s’est interrompu que lorsqu’elle mangeait sa soupe ou buvait son café, en tuque et bottes de travail Timberland. Quand le torrent ralentissait, j’insérais une question ou un commentaire. Ainsi, on a réussi à avoir une sorte de conversation. « Je me suis calmée depuis l’année passée, assagie. Depuis que je consulte, je ne suis plus la même personne. »
Oui, Mariana voit une psychologue, « une Juive anglophone de 90 ans qui n’avait aucune idée de qui j’étais et qui me remet tout le temps en question. Il le faut, parce que c’est pas normal ce que je vis présentement ».
À un âge où l’on sort de l’École de l’humour avec l’angoisse au ventre devant l’avenir incertain, l’autodidacte de Montréal-Nord avait vendu 60 000 billets de son spectacle avant sa première montréalaise, en novembre 2016. Femme ta gueule tournera partout jusqu’en 2018 et la jeune femme a déjà commencé l’écriture de son deuxième one woman show. L’été dernier, l’humoriste est devenue actrice dans deux suites très attendues qui sortiront au cinéma cette année : De père en flic 2 et Bon cop Bad cop 2. Elle est l’une des stars de Vrak (Code F. et Med) et l’idole des jeunes. Ah, oui, j’oubliais : elle a aussi assuré la première partie de l’hypnotiseur Messmer à l’Olympia de Paris, « l’expérience la plus fucked up de toute ma vie, personne ne riait, moi je pleurais, mon gérant me disait : “Tu vas retourner sur scène et travailler, travailler, travailler”, et je n’ai jamais été aussi bonne qu’après. »
Ouf ! Elle a raison sur deux points : tout cela est exceptionnel et elle est en effet très bonne.
À la fois perfectionniste et intense
Deux jours avant notre rencontre, je l’avais vue sur scène dans une petite salle de banlieue. « T’étais là ? C’est le spectacle le plus difficile depuis le début de ma tournée parce que je n’ai pas eu les réactions auxquelles je m’attendais. Le numéro de la pipe, normalement, il y a un hurlement, là non. Je capotais. Tout le long du show, je me demandais : À quel moment vais-je leur annoncer que je m’en vais ? J’ai alors réalisé à quel point je suis rendue professionnelle, parce que j’ai réussi à offrir la même performance que d’habitude, même si à l’intérieur je mourais : Ah mon Dieu ! ah mon Dieu ! »
Je l’ai rassurée : rien n’a paru. Et je n’étais vraiment pas le seul à m’esclaffer pendant « le numéro de la pipe », où Mariana explique qu’elle ne pratique pas la fellation, repoussant une érection fictive en grimaçant tel un enfant qui esquive le brocoli. Ce sketch, très visuel et l’une des « perles » de Femme ta gueule, a été livré ce soir-là de main de maîtresse, malgré ses « ah mon Dieu ! » intérieurs.
Pourtant, Mariana la perfectionniste insiste. « J’aurais aimé que tu voies le spectacle l’été dernier à Magog. J’étais en feu, le public aussi, et quand tu goûtes à cette drogue-là, après tu fais… tabarnac ! » Elle s’arrête pour s’adresser à une grande blonde assise à sa droite sur la même banquette. « Je fais une métaphore sur la drogue, c’est correct ? » « Oui », répond sa voisine. Car la nouvelle coqueluche des médias ne rencontre les journalistes qu’accompagnée d’un membre d’Entourage, sa boîte de production. Ce jour-là, c’était Kristina. Étonnant, ce chaperonnage, pour une fille reconnue pour ses propos à faire mûrir une tomate verte et qui s’est fait un nom avec le désormais célèbre numéro du « sable dans le vagin ».
« En entrevue, je m’emporte, je dis des choses, mais les lectrices ne me connaissent pas. Si je parle de drogue, certaines vont penser que j’en consomme. Je dois apprendre cela. Et ça vient avec le métier. En humour, il faut d’abord aimer l’humain, alors qu’en musique, on s’en câlisse si l’artiste a une belle personnalité. On va pas refuser d’aller voir Lady Gaga parce qu’elle a un caractère de marde, on veut la voir en show. Tandis que moi, si j’ai un caractère de marde, tu veux pas m’écouter pendant une heure et demie.
– As-tu un caractère de marde ?
– Comme tout le monde, il y a des jours où je suis insupportable. Je suis humaine, je reste une femme en devenir, j’ai 26 ans et les hormones dans le tapis, je veux tout faire et rien faire en même temps, je chiale sur tout et j’accepte tout. C’est très contradictoire ma vie en ce moment. »
Sur la photo: Chemisier chez Frank & Oak, Veste chez BCBG, Pantalons PINKO aux Cours Mont-Royal, Chaussures L’intervalle, Boucles d’oreilles chez H&M
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